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Yann Rémondin - Les limites de la préparation physique « classique »

Les limites de la préparation physique « classique »

La préparation physique est efficace pour progresser dans son activité sportive. Néanmoins, l’approche habituelle a ses limites. Elles peuvent se manifester par une stagnation (voir une régression) dans ses performances sportives.

Une des raisons de cette impasse se trouve dans la définition de la condition physique en 5 qualités. On considère qu’il existe 5 composantes intrinsèquement différentes les unes des autres : la force, la vitesse, l’endurance, la souplesse, la coordination. De cette classification s’en suit fréquemment une association à des activités sportives emblématiques de ces qualités.

La force est associée à la musculation, la vitesse au sprint, l’endurance au demi-fond, la souplesse à la gymnastique et au stretching, la coordination au jonglage et à la gamme athlétiques. À cette association, un copié-collé va conduire la plupart des entraîneurs à utiliser ces activités sportives comme outil pour développer les qualités physiques des sportifs dans leur discipline. Ce sont les traditionnelles séances d’intermittent de début de saison, d’étirement, de sprint etc…

Jusqu’ici, le raisonnement est séduisant et a une certaine cohérence justifiant la place de ces outils comme moyen de prédilection dans l’entraînement.

En quoi cette approche finit par perdre en efficacité à un moment ?

La première limite, c’est l’absence de prise en compte des patterns de l’activité sportive. Les qualités physiques, s’expriment nécessairement dans la motricité sportive. Si vous considérez que votre joueur de basket manque d’endurance, faire des tours de piste aura peut-être un effet positif, mais le gain sera limité sur sa pratique sportive. Les phases de jeu clé de l’activité du joueur de basket sont constituées d’accélération et de décélération importantes en intensité et en quantité. Elles ont lieu dans tous les plans de l’espace ; l’ensemble se faisant dans une durée, un périmètre et des angulations articulaires bien différentes du footing ou de la séance d’intermittent autour d’une piste. Procéder à une transposition d’une activité sportive pour entraîner un sportif spécialiste d’une autre activité peut être une grave erreur. Pour l’éviter, il est bon d’évaluer les caractéristiques du joueur et les contraintes auxquelles il sera exposé. Cette étape primordiale conduira au choix éclairé des outils à mobiliser. Un outil n’est ni bon, ni mauvais en soi. Il est pertinent ou pas au regard de l’objectif préalablement défini.

La deuxième limite, c’est de dissocier les 5 qualités physiques et de les considérer comme étant indépendantes les unes des autres. Pour illustrer mon propos, je vais prendre un exemple qui devrait parler aux pratiquants de musculation. Lorsque vous débutez au fameux développé couché, votre progression initiale est dû à une amélioration de la coordination. D’ailleurs, si vous vous rappelez de vos débuts, vous avez à l’esprit l’irrégularité du trajet de votre barre. Cette irrégularité finit par disparaître, signe que vous avez amélioré votre coordination. Vous constatez aussi que vous avez progressé en force puisque vous êtes capable de soulever plus lourd. Par conséquent, on peut observer un lien étroit entre la force et la coordination. Vous avez aussi progressé en endurance, car vous pouvez faire plus de répétition avec une charge identique par rapport à vos débuts. Il en est de même pour la vitesse.


Quel est l’effet sur la souplesse ?

Restons sur notre exemple de développé couché. Lorsque vous faites une série jusqu’à l’échec, que se passe-t-il ? La dernière répétition a tendance à avoir un trajet plus court. L’amplitude du mouvement est moindre. La fatigue engendrée par les répétitions précédentes nous amène à raccourcir l’amplitude du mouvement. Un gain en force au développé couché donnera la possibilité de faire un mouvement avec une amplitude plus importante avec cette même charge. L’exemple illustre l’interdépendance des qualités physiques sur le mouvement du développé couché. Elle montre ainsi, une des limites de l’approche communément enseignée.

Il ne viendrait à l’esprit de personne (ou presque ?) de s’étirer après avoir fait une série jusqu’à l’échec pour augmenter l’amplitude du mouvement sur les dernières répétitions. Or, il m’arrive de voir des sportifs faire des étirements alors qu’il serait plus efficace d’augmenter le niveau de force dans une position donnée.

Si on voit l’entraînement comme une stimulation de l’organisme censée produire une adaptation. Tout l’enjeu, c’est de trouver la bonne stimulation, celle qui fera progresser.

Pour résumer les points importants :

  • La motricité est un paramètre indispensable à prendre en compte dans la conception d’un programme de préparation physique pour qu’il soit efficace.
  • Il faut analyser les contraintes qu’impose l’activité sportive.
  • Il serait bon de mettre en relation les qualités physiques et voir comment elles interagissent entre elles pour être capable d’identifier les réels besoins des sportifs.
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